Journal intime tome 1 1862-1900, Sophie Tolstoï

Source inestimable de renseignements pour le spécialiste ou cri bouleversant pour le simple lecteur, le Journal intime de Sophie Tolstoï nous force à constater que Léon Tolstoï, le génial créateur d'Anna Karénine et de tant d'autres figures féminines inoubliables, n'a jamais rien compris à la femme qui a vécut dans son ombre quarante-huit années durant.
La première moitié de cette vie se passa en maternités successives, à gérer les domaines et à recopier à la main les œuvres de l'illustre mari. La suite fut beaucoup plus dramatique, jusqu'à la nuit de l'automne 1910 où Tolstoï s'enfuit de Iasnaïa Poliana pour mourir dans une gare. Elle ne pourra pas même lui dire adieu : ses enfants lui interdisent l'entrée de la pièce où il agonise. Elle-même s'éteindra en 1919, en pleine guerre civile, dans son domaine nationalisé.
Sophie Tolstoï confie surtout à ce Journal ses moments de détresse. C'est pourquoi il ne projette pas seulement une lumière nouvelle sur la vie intime d'un écrivain célèbre. C'est aussi un témoignage sur une époque, une société, un mode de vie où la femme, esclave du mari et des enfants, ne peut devenir elle-même, développer ses dons intellectuels et artistiques; où même la communication avec l'être aimé lui reste interdite.
Ce livre est un cri d'amour et de haine, un appel à la tendresse et à la compassion, le cri d'une femme au désespoir qui a tout sacrifié à son mari et à ses enfants et qui se voit rejetée par eux. Une passionnante confession.