9. Le droit de lire à haute voix

La lecture a quelque chose de particulier. On peut lire dans sa tête, mais on peut aussi lire à haute voix. Dans les deux cas, le message lu sera compris du lecteur, mais dans le deuxième il y aura quelqu'un pour recevoir le message. Vous me direz qu'on peut, disons, chanter dans sa tête, mais le chant est avant tout fait pour être entendu, sinon écouté. Le plaisir de lire pour soi, en silence, peut ressembler au recueillement, le calme est souvent de mise pour aider à la concentration. Mais dans le cas de la lecture à voix haute, le son de la voix du lecteur, le timbre, l'intonation, le débit, amène une dimension supplémentaire à la personne qui écoute, et une forme de concentration, d'élan, à la personne qui lit.
On peut lire n'importe quoi à haute voix, il n'y a pas d'obligation: un discours ou une proposition dans une assemblée, des chapitres de romans, on peut dire ou slammer des poèmes, ou lire un article de journal à son amour, on peut lire sa liste d'épicerie pour être certain de n'avoir rien oublié; mais pour sûr, le plaisir de la lecture à voix haute croit avec l'usage.